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Charlemagne Andoche AMOUSSOU,
alias Lolo Andoche
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24 ans déjà que la 1ère marque de prêt-à-porter Africain made in Bénin a vu le jour, comment en êtes-vous arriver à imaginer déjà en 1993, que l’avenir de la mode était dans le prêt à porter Africain ?
Je pourrai dire que c’était une inspiration de Dieu parce
que je ne suis pas en mesure de dire exactement ce qui est à la base de cette
inspiration. Mais je me rappelle bien qu’avant de me mettre à apprendre le
métier de la couture en 1990, je me posais déjà la question de savoir pourquoi
l’Afrique n’avait pas sa marque de vêtements. Cela fait partie des choses qui
m’ont poussé à apprendre la couture. Déjà, tout en étant encore apprenti, je
faisais déjà des habits que je vendais à des amis. J’avais donc découvert la
possibilité de vendre des habits à travers mes amis. Cette façon de faire à
l’époque me permettait de m’exprimer sans attendre l’avis du client. Je
m’exprimais librement sur le tissu que j’ai acheté avec mon argent et au bout du
rouleau, ça plaît. Donc, les habits se vendaient facilement. A partir de ce
moment, j’ai créé une clientèle et cela m’est apparu tout à fait normal d’en
produire et vendre. En m’engageant dans cette voie, je savais que je ne
pourrais pas concurrencer l’Occident. Alors, il m’a fallu trouver quelque chose
de nouveau. Ce qui a été de travailler dans du tissu africain. J’ai donc
commencé par faire des modèles occidentaux à partir du tissu africain. C’est
pourquoi je disais plus haut que c’est certainement une inspiration divine.
De quel état
êtes-vous parti pour l’apprentissage de la couture ?
Déjà en classe de 6ème, je dessinais des habits.
Mais en faisant les journées culturelles et autres, je voulais être le mieux
habillé. Alors je dessinais mon modèle que je me faisais coudre par un
couturier de renom en son temps. Celui-là ayant remarqué le talent de créateur
que j’avais, m’admirais et nous sommes devenus des amis. Je lui faisais en
conséquence des dessins d’habits. Alors que je passais en classe de seconde, il
y a eu l’année blanche. C’est suite à cela que j’ai pris la décision d’aller
m’initier au métier de la couture. Je n’avais pas l’intention d’en faire un
métier. C’est une fois là-bas que j’ai pris goût et je ne suis plus retourné en
classe à la reprise des classes.
D’habitude les
stylistes se spécialisent soit en tenue hommes ou dames, on remarque que vous faites dans les deux. Comment
arrivez-vous à satisfaire les deux cibles?
C’est vrai qu’au départ, j’étais beaucoup plus connu sur le
prêt-à-porter homme. Chez les hommes, les chemises étaient faciles à coudre et
facile à vendre. Il n’y avait pas de souci de forme. Par contre chez les
femmes, il y a la forme, la poitrine, le bassin, etc. Je savais bien coudre
pour les femmes, parce que celui m’a appris le métier habillait les deux sexes,
mais j’avais fait l’option de n’habiller que les hommes. C’est ensuite que je
me suis mis à habiller les femmes. Nous savons tous que les femmes s’habillent
plus souvent parce qu’elles ont ce désir de changer de vêtements tout le temps,
contrairement aux hommes. Notre prêt-à-porter est beaucoup plus orienté
pratique. Le nom qu’on lui donne aujourd’hui, c’est le "fast
fashion". C’est-à-dire qu’on ne perd pas le temps à attendre un couturier
avant de vous habiller.
Nous avons fait l’expérience où les clients venaient passer
des commandes. J’avoue que ce n’est pas vraiment évident de travailler pour des
gens qui payent réellement le prix de sorte à permettre au couturier de gagner
sa vie ; à moins que ce soit une clientèle d’une classe supérieure. Moi,
je ne me suis dit que si on veut satisfaire que les élites, alors l’objectif de
promouvoir le prêt-à-porter africain et développer l’Afrique par ce moyen ne le
sera pas. Donc aujourd’hui, nous habillons tout africain au revenu moyen.
Il parait que seuls
ceux qui ont des revenus important peuvent porter du Lolo Andoche,
confirmez-vous cette impression devenu populaire?
C’est une fausse impression que les gens ont de nous. C’est
pourquoi nous consacrons tout ce mois d’octobre pour nous faire découvrir par
les gens. C’est un mythe que nous essayons de corriger. L’Africain généralement
pense que le prêt-à-porter un produit de luxe et doit être forcément cher. En
réalité, c’est faux. C’est plutôt les sur-mesure qui sont chers. Je vous assure
que Lolo Andoche a des habits à partir de 10 000 FCFA. Toute personne qui
viendra chez nous trouvera forcément pour son compte. C’est d’ailleurs notre
principal cheval de bataille parce qu’il faut que l’Africain consomme du
prêt-à-porter made in Afrique, made in Bénin, certainement du Lolo Andoche afin
de développement l’économie locale.
Quel Bilan
faites-vous de votre parcours 24ans après surtout dans l’environnement
économique et politique qui est le nôtre ?
Après 24 ans, mon objectif n’est pas encore atteint.
Toutefois, je suis convaincu que je ne suis au niveau où j’étais il y a 24 ans
en arrière. Il y a eu des avancées, mais on n’a pas encore atteint l’objectif.
D’ailleurs, on dit que celui qui veut aller loin fixe très loin ses objectifs.
Nous sommes précurseurs de quelque chose qui prend dans le monde entier. Toutes
les grandes marques s’inspirent de la mode africaine. Dans les magasins
occidentaux, vous avez du africain. Je suis heureux de faire partie de ceux qui
ont eu le courage de commencer cette révolution. Je dis bingo aujourd’hui, nous
sommes allés très loin. C’est satisfaisant. Nous sommes sur une pente où la
mode va faire développer l’économie béninoise. Nous remarquons que les regards
sont beaucoup plus tournés vers l’Afrique pour la confection des vêtements.
Quelle est
l’envergure de Lolo Andoche au plan national et à l’international ?
Au Bénin, nous sommes assez très bien connu. Nous
travaillons à mettre en place des points de proximité afin que nos produits
soient accessibles dans chaque zone du Bénin et également dans la diaspora.
Dans la sous-région, nous avons commencé par implanter nos boutiques. Nous
avons une boutique tampon à Lomé depuis quelques années. Elle marche
normalement. Lolo Andoche s’installera bientôt dans d’autres capitales de
l’Afrique.
Qu’avez-vous prévue
pour marquer ces 24ans ? Quel seras la particularité de ce Mois anniversaire ?
C’est pour nous le moment de faire connaître davantage nos
produits et de les rendre accessibles aux Béninois. Il s’agit pour nous de
permettre aux Béninois d’aller dans nos boutiques afin de découvrir la réalité
des choses. Dans ce cadre, nous avons initié des actions de promotion sous
diverses formes. Chaque semaine a sa surprise. Les Béninois sont donc appelés à
aller découvrir Lolo Andoche. Le prêt-à-porter Lolo Andoche revient moins cher,
en temps et financièrement. Nous produisons en série, limitée certes, avec pour
incidence la réduction du coût de vente. Ce samedi 7 octobre déjà, nous avons
fait une réduction de 10% sur tous nos articles dans toutes nos boutiques.
D’autres actions comme un achat donne droit à un cadeau vont se poursuivre. Il
y a plusieurs activités que nous avons prévues tout au long du mois.
Quels sont vos
Nouvelles perspectives en abordant l’année des Noces d’argent (25ans) de Lolo
Andoche ?
C’est à partir de ce moment que commence réellement un
tournant vers la réalisation de notre objectif qui est de rendre accessible le
prêt-à-porter. Pendant nos 25 ans jusqu’à 50 ans et plus, nous nous y
attèlerons.
Pouvez-vous nous rappeler les points de distribution des
tenues Lolo Andoche au Bénin et dans la sous-région ?
A Cotonou, nous sommes à côté de la pharmacie Adéchinan à
Sikècodji. Nous sommes également la rue en allant à l’Hôpital de la mère de et
l’enfant lagune (Homel), c’est-à-dire la rue du Fitheb, ex cinéma vogue. Nous
sommes également à l’aéroport. Il y une boutique Lolo Andoche à Poro-Novo au niveau
de l’espace « Ubuntu » en face du collège Notre Dame. Tous ceux qui
veulent faire l’expérience du prêt-à-porter Lolo Andoche peuvent aussi
s’adresser à notre boutique de Grand-Popo dans l’hôtel « Millenium Popo
Beach ». A Lomé, la boutique Lolo Andoche est à côté de Fréo jardin non
loin de la bijouterie "Walidia".
Votre mot de fin
Les 24 ans que nous venons d’amorcer, c’est grâce à nos
clients, grâce tous ceux qui ont fait l’option de consommer nos produits. C’est
la meilleure manière de nous accompagner. C’est aussi grâce à la presse qui
nous a toujours accompagné depuis le début jusqu’à ce jour. Je dis merci à
toute la presse béninoise et internationale.
Jesdias LIKPETE
Article publié dans le quotidien LE JOURNAL DE NOTRE EPOQUE le 9 Oct. 2017
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